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  Les dessins de la collection Mariette
 
Pierre-Jean Mariette, issu d'une famille parisienne cultivée, n'aura de cesse de développer sa curiosité pour les Arts avec intelligence, méthode mais également modestie. Dans une époque marquée par la philosophie des Lumières, Mariette a su garder, tout au long de sa vie, une éthique de travail sans égal: ses recherches studieuses, pertinentes ont fait de lui un personnage incontournable de son époque, et son attachement à la tradition, au sérieux l'ont préservé des frasques des salons mondains.

"Des moeurs sages et un caractère sérieux"  (Basan, Catalogue de la vente Mariette, 1775 p. III)

Fervent passionné des Arts, il ne s'interdit aucune discipline. Il ne reste pas indifférent à un bronze antique, une sculpture ou un meuble d'art. Mais progressivement sa préférence ira pour les arts graphiques, collectionnant dessins, peintures et gravures. "Un beau dessin, une belle gravure excitaient ses transports et une sorte d'enthousiasme qu'il inspirait même aux autres" (Basan, Catalogue de la vente Mariette, 1775 p. III, IV)

Pierre-Jean Mariette avait hérité d'une riche collection d'estampes, mais aussi de dessins. Lors de son voyage en Italie, il forme son goût. Après son séjour à Vienne, il se dirige vers Rome en passant par Venise, Bologne, Florence. Les peintures du Titien, du Tintoret, de Véronèse, des Carraches, du Guerchin, les compositions d'Andrea del Sarto, de Fra Bartolomeo et les fresques de Raphaêl et de Michel-Ange le marquèrent définitivement et influencèrent son travail futur. De plus, dans chacune de ces villes, il sut se lier avec les savants, les amateurs et les artistes qui avaient alors la plus grande réputation: nous citerons parmi les illustres correspondants, Ant. Maria Zanotti à Venise, Gio. P. Zanetti à Bologne, le chevalier Gaburri et le savant Bottari à Florence.

A l'inverse de ses contemporains, son goût est très classique. Pierre-Jean Mariette ne collectionne que très peu les feuilles prisées dans la première partie du XVIIIème siècle, à savoir les dessins flamands et hollandais aux scènes d'intérieur et petits paysages ou les sujets plus libertins. Pour lui, le 'vrai' dessin est le dessin italien des XVIème et XVIIème siècles. Il achète même par correspondance ce type de feuilles. L'influence de Pierre Crozat et de son cercle a certainement été importante. Lors de la vente Crozat en 1741, il s'assure le plus beau choix de dessins, et soigneusement, il complète ses séries. En 1767, Mariette avoue à ses correspondants que sa collection de dessins est presque au point de perfection auquel il voulait l'emmener (E. Müntz, Les Archives de l'Art, 1890), et en 1769 il considère l'ensemble de ses dessins italiens comme l'un des plus complets d'Europe.

Mariette ne dédaigne pas pour autant ses contemporains. Il cherche même à acquérir ce que l'on peut nommer les 'oeuvres-types' d'un artiste, à l'instar de ceux de son ami Edme Bouchardon, ou encore de Rosalba Carriera.

Enfin, le catalogue de sa vente présente un joli corpus de dessins dits nordiques (allemands, hollandais et flamands) d'où ressort un bel ensemble d'Albrecht Dürer.

 

La collection de dessin de Pierre-Jean Mariette n'est pas seulement l'une des plus importantes de son temps, elle est surtout le reflet d'un goût personnel et sûr qui ne se laisse pas influencer par les modes de son temps mais sait reconnaître le talent. Enfin elle s'inscrit dans la continuité de celles formées par ses aïeux en les complétant.

Ce bien unique est dispersé en vente publique du 15 novembre 1775 au 30 janvier 1776 en 42 vacations, à l'hôtel d'Aligre, rue Saint-Honoré à Paris.

  La vente Mariette

 

A sa mort en 1774, les biens de l'amateur Mariette, malgré sa volonté de les voir légués au Cabinet du Roi et malgré les tentatives d'achat des émissaires royaux furent finalement dispersés en ventes publiques.

Plusieurs documents nous renseignent sur sa collection:

- L'inventaire après décès de P-J Mariette daté du 12 décembre 1774. Ce document manuscrit est conservé aux Archives nationales (Paris, . Min. LXXVI-45). On y trouve notamment la description des biens présents dans ses deux propriétés aujourd'hui disparues, la maison de la rue Saint-Jacques à Paris et la propriété de Croissy.

- Le catalogue de la vente Mariette, gravé par D.-F Basan en 1775. Un exemplaire de ce dernier est conservé au Louvre, cabinet des Dessins. Basan y indique notamment le nombre de dessins " Cette collection en général consiste en plus de 3400 dessins en très bon ordre et bien arrangés, contenus en 100 portefeuilles. De plus près de 6000 autres tant en volumes qu'en portefeuilles..."

- Le Dossier des acquisitions du Roi à la vente des dessins de Mariette, conservé aux Archives nationales  (Paris. O 1913, 4). Ce document également très intéressant raconte les dispositions prises par la Direction des Bâtiments du Roi en 1775 afin d'acquérir la totalité des dessins de Mariette, conformément aux souhaits du collectionneur. Ce qui ne put être réalisé. Néanmoins, le document précise les dessins qui ont pu être acquis par le Roi au cours de la vente aux enchères et qui sont à l'origine du fonds Mariette du Musée du Louvre (aujourd'hui 2792 dessins).

- Enfin, un autre document très important est un exemplaire de la vente Mariette annoté par Gabriel de Saint-Aubin, conservé au MFA de Boston.

 

 

  Le catalogue de la vente Mariette ilustré par Gabriel de Saint-Aubin
 

Ce catalogue de vente et ses illustrations dans les marges par Gabriel de Saint-Aubin sont capitaux dans notre travail de reconstitution de la collection. En effet, Basan, rédacteur du catalogue, est parfois vague dans ses descriptions des lots. Saint-Aubin croque certains dessins, nous offrant ainsi une composition, un sujet qui permettent d'identifier plus sûrement les dessins Mariette qui ne portaient pas tous la fameuse marque ou qui l'ont perdue suite à des restaurations.

Exemples de pages illustrées :
- page 174 : Bouchardon
- page 178 : de Boucher à Bourdon

© association mariette pour la promotion du dessin français - association loi 1901

mars 2010